On a tous déjà entendu le vieil adage du poète français Gabriel-Marie Legouvé (1764-1812) qui dit : « Derrière chaque grand homme se cache une femme. » Mythe ou vérité? Voilà un débat qui pourrait faire couler bien de l’encre. Chose certaine, dans l’histoire de notre beau monde, la femme a toujours été le point de mire. Alors que les poètes proclamaient sa douceur, son charme et sa beauté, elle fut trop souvent contrainte à une vie de servitude, l’obligeant parfois à se soumettre à une dégradation inconcevable.
À travers les siècles, l’entité féminine a dû s’affirmer, réclamer une place et se prévaloir du droit d’être une personne égale au genre masculin. Le combat continue toujours dans certaines parties du monde, mais la femme canadienne a su gagner ses épaulettes.
Depuis toujours, la femme est un être de dévotion; à sa famille, à ses voisins, à la religion, à ses croyances personnelles. Comment peut-on surnommer la femme, le « sexe faible », alors que sans elle, point d’homme en devenir. En effet, la femme est l’âme même du futur. Contre vents et marées, elle a trimé dur. Rendons hommage à ces femmes d’un autre temps qui, mettant de coté leur état d’âme, s’appliquaient à assurer la survie d’une ribambelle d’enfants, parfois avec un mari absent des mois durant au chantier ou en mer, à l’infirmière dévouée qui traitait les malades avec si peu de moyens à sa disposition ou à l’institutrice déterminée à apporter à ses élèves un futur meilleur par le biais de l’éducation.
Autrefois, les choix de carrière étaient très limités pour la femme qui n’embrassait pas le rôle traditionnel d’épouse et de mère de famille: servante, religieuse, professeur, infirmière, secrétaire. Puis arriva un type de femmes à l’esprit fort, plus difficiles à assujettir. Souvent au grand désespoir des hommes, celles-ci exigeaient d’être entendues et acceptées dans la sphère masculine à titre autre que celui d’une personne soumise et obéissante. Et voilà que l’ère de la femme moderne se pointait!
Peu à peu, la voix de la femme se fit entendre. À force de détermination, de persévérance pour ne pas dire d’entêtement, elle s’enhardit à braver les interdits. Les femmes s’insinuèrent progressivement dans des professions considérées en tous sens masculines. En 1883, après une longue bataille, Emily Stowe infiltra le monde de l’homme en devenant la première femme médecin au Canada. C’est en 1900 qu’Irma Lavasseur honora le Québec en devenant sa première femme médecin canadienne française. En 1897, Clara Brett Martin fut désignée comme la première femme avocate de l’Empire britannique. Tout devenait possible.
Malgré les avancées, la bataille était loin d’être terminée. Un rude combat devait être mené pour chaque point gagné, souvent accompagné d’une danse d’un pas en avant et de deux vers l’arrière. Les mots de Nellie McClung (1873-1951), activiste et femme politique canadienne, ont su décrire l’impression du moment alors qu’elle écrivait en 1915 : « On parle encore de la féminité comme d’une maladie. » Les femmes sur la ligne d’attaque étaient souvent encouragées silencieusement et secrètement par celles toujours soumises à leur profonde croyance que la place d’une femme était au foyer à servir son homme. Graduellement, un changement s’effectua. La femme, bien déterminée, utilisa de tous ses atouts pour réussir; elle usa de son charme quand il le fallait pour gagner la confiance du sexe opposé et de son intelligence et de son ingéniosité quand venait le temps de défier son adversaire.
La persévérance remarquable de la femme porta fruit. En 1916, le droit de vote fut accordé pour la première fois aux femmes canadiennes (Manitoba) et en 1940 à celles du Québec. C’est à ce moment que commença l’ascension des femmes en politique. En 1930, Cairine Reay occupa un poste de sénatrice au Canada, puis en 1942, deux femmes furent admises au Barreau du Québec. La voie était ouverte; la femme avait sa place dans ce monde d’hommes, mais la progression se fit par à-coups et non pas sans heurt. Ce fut une grande victoire en 1964 quand la loi donna aux femmes le droit juridique de gérer leurs biens sans le consentement de leur époux. L’émancipation de la femme devenait une réalité.
La femme est un être admirable de par son courage, sa ténacité, sa patience, sa tolérance et son amour sans borne de la vie. Elle dépasse de loin sa désignation de « sexe faible »; la femme a démontré au fil du temps la force de son caractère, de sa sagesse et de sa persévérance. Encore aujourd’hui, la femme doit prouver ses capacités en faisant preuve de dynamisme à tous les jours, car avec la liberté chèrement acquise de partager tous les privilèges de l’homme, elle n’a pas pour autant été déchargée de son rôle de mère et de ménagère. Débordante de tendresse, la femme dans toute sa féminité reste un être complexe à plusieurs facettes qui cherche à s’épanouir dans un monde toujours changeant.
Référence : www.thecanadianencyclopedia.com
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